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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 13:25
Vu ton actualité brûlante, il serait injuste de ne pas te consacrer les honneurs de cette toute nouvelle rubrique.

 

Eh oui, tu vas très prochainement te produire, non au Zénith comme la Ségolène, mais au Parc-Expo d'Avignon. La salle ne contient qu'un millier de personnes, mais ça me paraît bien assez pour ton show. Je doute que tu fasses salle comble, mais telle n'est pas ton ambition pas vrai ?

Donc après ta minable prestation dans un hôtel près de Montpellier (coucou l'Ukraine !), tu vas nous refaire le coup de la dédicace de ton merveilleux roman.

Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, rappelons un peu ta biographie de star.


Un jour tu as décidé de te lancer dans l'écriture. Entre nous soit dit, ce n'est pas ce que tu as fait de mieux, j'ai eu du mal à avaler la quarantaine de pages de ton bouquin et je doute qu'il obtienne le Goncourt, ni même le Fémina, tout au plus peux-tu briguer le prix Pétronelle (voir le billet intitulé... mais c'est une autre histoire).

Donc tu te mets à écrire, et tu as comme qui dirait une illumination. Tu inventes une fiction qui se passe en 2598, et un jeu : Le jeu de l'abondance. Et oh ! quelle surprise, deux ans après l'avoir écrit, tu découvre "par hasard" que le jeu de l'abondance existait vraiment.

Dans cette fiction fumeuse au style poussif, tu décris comment une jeune femme du XXIème siècle (toi ?) réussit à changer la face du monde avec ce jeu. Rapide résumé :

En proie aux insomnies, Martha, l'héroïne, taraudée par ses problèmes pécuniaires, a au petit matin la révélation. L'argent pourrit tout, donc il faut faire en sorte qu'il devienne une monnaie de singe pour qu'il n'ait plus aucune valeur. De là elle incite ses amis à "jouer" avec l'argent, et 20 ans plus tard, son ange gardien Félix Murton, qui n'est autre qu'un homme du futur, Ixmur (admirez le jeu de mots) la "translate" en 2598, pour qu'elle voit comment son jeu a transformé l'humanité, rendant tout le monde bon et heureux, comme au pays des Bisounours.

(Il est peut-être utile de rappeler la définition du verbe "translater", que Marie-Dominique emploie à mauvais escient pour dire en quelque sorte "transporter par lévitation" :

[vieilli] traduire un texte

[mathématiques] effectuer une translation, un déplacement d'une figure dont tous les points décrivent des trajectoires égales et parallèles entre elles)

Nul doute que ce livre est autobiographique, puisque Martha, comme toi Marie-Dominique, a divorcé, a été coach pour les entreprises, et surtout a lancé ce stupide et dangereux "jeu de l'abondance".

On notera au passage qu'avant de le lancer, tu as fait un test auprès de tes amis avec des billets de Monopoly. Vrai ou faux ? Toi seule le sait, mais c'est bien possible après tout, tu ne recules devant rien pour gagner la confiance de tes amis, quoi de plus innocents que ces billets factices ?

Dans ton livre, on retrouve tous les arguments développés au cours des réunions : la peur, le facteur temps, l'analogie avec le loto, l'illégalité, et même la parution au journal télévisé !

Pour vous prouver que je n'invente rien et que je me suis vraiment tapé le bouquin, je me dois d'en donner quelques extraits :


- Je ne vois pas comment on peut gagner de l'argent autrement qu'en bossant.

- Pourquoi joues-tu au loto, alors ? car tu joues régulièrement, tu me l'as dit l'autre jour.

- Deuxième chose : quand ton jeu aura pris de l'ampleur, ce que les gens gagneront, ce sera de la monnaie de singe ! Ça ne marche pas ton truc.

- Si. Parce que tu oublies un facteur important : le temps. Se livrer à cette activité va modifier complètement les moeurs. Les gens vont se libérer de l'argent. Ils vont en prendre conscience petit à petit et leur modèle du monde va se modifier. Les mythes culturels se modifieront aussi, parce que les gens auront une autre attitude devant l'argent : ils n'auront plus peur.

- C'est une très bonne idée, reprend Félix. Ceci dit, nous devons penser à l'aspect légal de la chose : c'est interdit par la loi de jouer à des jeux d'argent qui ne sont pas contrôlés par l'Etat, non?

- J'y ai pensé, Félix, répond Martha, mais chacun est libre de faire ce qu'il veut chez lui, si je ne me trompe. (...) La seule règle incontournable du jeu, c'est de se réunir chez un particulier. Ce sont d'assez petites sommes qui sont en jeu pour commencer. Et puis c'est pour la bonne cause : il ne s'agit pas de vol, ni de banditisme, il s'agit, par un moyen simple, ludique, égalitaire, de permettre aux gens d'avoir de l'argent... comment dirais-je ? Légèrement, sans effort. Oui, c'est cela, mon idée, c'est que l'argent ne soit plus lié à la pénibilité

Ils sont très interpellés par cette conception nouvelle de l'argent. Ça les trouble beaucoup, ils sentent qu'il y a là une vision de la vie complètement différente. Certains sont tentés, et en même temps ils ont peur.

Par moment, Martha s'arrête, hésite : non, celui-là, elle ne peut pas lui en parler, il va l'envoyer promener. Félix vient de raccrocher, il voit son hésitation :

- Tu as raison Martha, commence par les plus faciles pour toi. Ils te rassureront, et progressivement tu auras plus d'audace. Garde les plus difficiles pour après. Et surtout, n'oublie pas de leur dire de venir accompagnés !

il en a profité pour leur expliquer les deux principes de bases : multiplier les joueurs nouveaux, et, surtout, ne jamais jouer ailleurs qu'à son domicile.

La télévision est allumée, elle écoute les infos d'une oreille distraite en se préparant. Soudain elle se fige sur place, et son coeur fait un bond dans sa poitrine. Le présentateur est en train de parler du Jeu !

Elle se précipite pour regarder :

« Un nouveau jeu a fait son apparition dans les foyers. De confidentiel qu'il était, il semble être en passe de devenir un sport national. Ce jeu dont la règle semble assez simple, a la particularité de faire gagner tous les participants. Le seul problème, c'est que tout en ressemblant à un jeu de société joué en famille, il s'apparente plus à un jeu de casino privé. Illégal, donc, puisqu'il consiste à jouer de l'argent. Reportage de Hervé Chauvin. »

(...)

En fait, après une enquête sur le terrain, il apparaît qu'un nouveau jeu, qui n'a été lancé par aucun fabricant sur le marché, soit en train de se répandre dans de nombreux foyers. Nous avons eu beaucoup de mal à recueillir des informations, car les gens restent très discrets sur ce jeu. La police n'a pu obtenir aucun renseignement qui pourrait constituer un début de preuve, même si elle a de forts soupçons.

Pourtant si le problème s'avère réel, il constitue un vrai danger : en effet, il semblerait que le jeu permette aux gens de gagner de fortes sommes qui sont impossibles à contrôler. La seule chose dont on est sûr à l'heure actuelle, c'est qu'un nombre considérable de gens se livrent à cette activité en toute impunité. »

Martha éteint la télévision. Elle se précipite sur son téléphone pour appeler Félix.

- Ca y est Félix, ils ont découvert le Jeu ! Ils viennent d'en parler au journal de 20 heures. Tu l'as regardé ? Que fait-on ? Les RG ont dû s'infiltrer dans les parties !

Le jeu a relancé la consommation, et c'était, pour les gouvernements, un indicateur précieux du niveau de la richesse de leur pays. Le jeu a tenu ses promesses : il a donné rapidement plus d'abondance

Lorsque l'économie se mit à vaciller sur ses bases, les gouvernements et les classes possédantes de la planète tentèrent de récupérer leur pouvoir. En vain : les premiers n'étaient plus crédibles parce que les populations commençaient à s'organiser toutes seules avec une économie parallèle qui échappait à tout contrôle. Pour comble, les agents de l'Etat, à tous les niveaux de la hiérarchie, étaient contaminés par le jeu et y trouvaient largement leur compte


Tout y est, ou presque, ce livre est un aveu. La seule chose qui n'y est pas, c'est l'allusion aux tontines africaines (quoique... le livre m'est tombé des mains tellement souvent que ça a pu m'échapper...).

Pourtant, l'Afrique, tu connais. C'est en Côte d'Ivoire que tu es allée faire éditer ton livre - aucun éditeur n'en voulait en France ? - normal, là-bas on fait la part belle aux escrocs, vous savez, ceux qui inondent nos boîtes mails de faux avis de gains à la loterie. La Côte d'Ivoire est un des pays les plus corrompus d'Afrique de l'Ouest, ils ne sont pas très regardants sur ce qu'ils publient, y compris dans le Matin d'Abidjan.

J'ai aussi lu une belle énormité, véhiculée par les cercleux, c'est que les enseignants africains auraient mis ton livre au programme de leurs élèves avant même sa parution ! Quel succès !


Pour nos fidèles lecteurs qui ne seraient pas libres en semaine pour assister à la conférence, ils peuvent toujours se rabattre, le dimanche suivant, sur l'atelier "De Chenille, devenir Papillon", du pur Bisounours, dans une magnifique et respectable demeure provençale.


J'espère, chère Marie-Dominique, que tu me sauras gré de la publicité entièrement gratuite que je te fais ici, te rendant ainsi un peu plus célèbre que tu n'étais, en attendant que ton talent de plume soit reconnu à sa juste valeur.


Pour ceux qui auraient envie de se faire une idée par eux-même de cette œuvre inoubliable, ne prenez pas la peine de payer les 17,15 € (dont frais d'envoi) pour l'obtenir, et ne vous précipitez pas non plus à la FNAC : le livre n'est vendu que dans une librairie en France, et bien sûr, sur le site très confidentiel de Marie-Dominique. Non, nous ne l'envoyons plus gratos, nous sommes en rupture de stock e-book ! A moins que vous le demandiez très très gentiment !

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commentaires

R
Madame Mélot,<br /> <br /> J'étais moi aussi présent lors de votre pseudo-conférence. Dès le départ, vous avez clairement affiché un malaise, en scrutant le public avec inquiétude. Pourquoi ?<br /> Par ailleurs, j'ai trouvé votre prestation des plus minables : un discours plat, aucun charisme... Vu la très mauvaise qualité de vos écrits, j'avais au moins espéré qu'en tant qu'oratrice, vous valiez quelque chose. Je me suis trompé ! Je dois avouer que je n'aurais pas fait mieux, mais c'est bien pour cela que moi, je ne donne pas de conférences.<br /> Vous avez habilement évité le sujet des cercles ou roues d'abondance tout au long de votre discours... même lorsqu'une personne, en fin de soirée, vous a directement posé la question... Pourtant, les cercles d'abondance, c'est bien le sujet de votre livre, pas de doute puisque cette très mauvaise littérature décrit très précisément ce qu'il se passe actuellement dans toute la France. Mais alors, que craigniez-vous ? La salle était emplie de cercleux ! Oui, pas besoin de chercher bien loin, juste à côté de moi, une conversation : "Le booster. Tu ne connais pas le booster ?" ; "Oui, je suis dans la bulle ! Oui, oui, dans la grande !"<br /> Vous nous avez parlé de la loi de l'attraction, des choses que l'on s'attire à soi... Oui, vous aviez bien raison : vous vous êtes attiré la présence de Van Gogh et d'autres anti-cercleux dans vos pseudo-conférences. Ca laisse à réfléchir, non ?<br /> Sous le beau discours d’amour et de solidarité entre humains, se cache exactement l’inverse de ce que vous prêchez. Solidarité ? Quand les cercles se déchirent, que les amis deviennent ennemis, que les mères ne parlent plus à leurs fils ? Parce que chacun d'entre eux a attiré le suivant dans les cercles, et qu'aujourd'hui tous ces gens s'aperçoivent de la tromperie dans laquelle les ont entraîné leurs proches... Mais c'est VOUS, Madame Mélot, qui les avez emmené dans cet affreux mensonge, ce sont les propos de votre livre qui les ont dirigé vers les cercles. Cela ne vous pose donc aucun problème ? Et, petite question indiscrète : est-ce que ça rapporte, ce petit business ? Est-ce assez lucratif ?<br /> N'oubliez pas, Madame Mélot : VAN GOGH ETAIT LA ! Il se pourrait bien, d'ailleurs, que je fasse un tour lors d'un prochain atelier... Avez-vous bien songé à vérifier les inscrits ?<br /> Bonne soirée, Madame Mélot, et à une prochaine fois,<br /> <br /> Van Gogh
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G
<br /> Hé là Van Gogh ! Grocageot aussi était là, et il n'en fait pas tout un fromage ! Heu, si... il en fait tout un...<br /> camembert ! Quelle image poétique que ce camembert !<br /> <br /> <br /> Vous entendez cela ?<br /> <br /> En tout cas, merci pour le coup de main Van Gogh et n'oublions pas que l'humour est une arme absolue contre tous les<br /> menteurs.<br /> <br /> <br />
T
Critique. J'ai essayé de lire. Vraiment. au moins 5 bonnes minutes. Impossible.
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M
Cher Grocageot, vraiment merci pour ce magnifique article que j'ai pu lire grâce au petit mot que tu m'as gracieusement laissé lors de la conférence. Depuis le temps que des gens lisent mon livre, j'attendais une critique. Et rien ! Enfin te voilà, débinant complètement mon roman. Je t'en suis très reconnaissante. J'accueille la diversité, elle est vraiment la richesse de l'humanité. Il y a même des fondamentalistes qui ont très peur de la nouveauté. Je les remercie parce qu'ils amènent les gens à réfléchir. En quelque sorte, ils les poussent à évoluer. Alors merci de tout cœur pour qui tu es. J'espère que nous nous rencontrerons pour faire plus ample connaissance. A bientôt
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G
<br /> Y a pas de quoi !<br /> Oui, nous nous rencontrerons peut-être un jour, dans un tribunal...<br /> En attendant, pour te rendre un peu plus célèbre, on publie le compte-rendu de ta conférence pour que les malheureux qui n'étaient pas là sachent qu'ils ont bien fait d'économiser 7 €.<br /> <br /> <br />
T
Tontine attend le compte rendu avec impatience et curiosité...
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T
Oui? Merci. J'attendrais à la sortie, mon cerveau n'est pas complètement remis des précédentes réunions...
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  • Nous sommes les Bisounours dissidents, membre de la CBD (Communauté des Bisounours Dissidents)
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